Gourgandines ! Coquins ! Vous pensez aux femmes fontaines ? Il n’en n’est rien. Lorsque on parle de littérature érotique, on pense de suite aux romans de gare terriblement simples dans lesquels sont dépeints des personnages dignes des meilleurs films pornos du vingt-et-unième siècle, et dans lesquels l’intrigue est aussi cinglante que dans un roman de Mary Higgins-Clark.
Ainsi, on croit côtoyer Anita, une jeune russe de dix-neuf ans sortant d’un couvent et découvrant les joies de la sensualité dans les bras de son professeur d’anglais, ou encore Chelsea, une épouse américaine moyenne qui, lasse de sa vie monotone, se laisse aller à des plaisirs sans fin dans les bras de Pablo, le nettoyeur de piscine.
On imagine des auteurs d’une trentaine d’années dans les années quatre-vingt dix, s’essayant pour la première fois à l’écriture et publiés par des maisons d’éditions à la mode, ou encore de vieux philosophes de comptoir très pervers, n’ayant pour unique compagnie et activité dans leur morne vie que les Pamela et Johanna qu’ils inventent toujours grandes et minces avec des nichons de la taille d’une armoire à glace.
On parle aussi de Sade, pour faire bien, parce qu’on a vu le film et parce que ça permet de faire savoir qu’on connait le milieu de la littérature érotique provoquant mais courtois des siècles passés.
Par contre, on oublie souvent que de tout temps, des milliers d’auteurs célèbres se sont essayés, souvent avec succès, à la littérature érotique, tout en conservant leur style. Ainsi, j’ai découvert il y a peu les tribulations de jeunes personnes dans des recueils érotiques de Jean de La Fontaine, qui, bien qu’il conserve dans sa poésie son fameux sens moral, évoque sans scrupule les joies d’une sexualité sans retenue.
« Aimons, foutons, ce sont des plaisirs
Qu’il ne faut pas que l’on sépare;
La jouissance et les désirs
Sont ce que l’âme a de plus rare.
D’un vit, d’un con et de deux cœurs
Naît un accord plein de douceurs
Que les dévots blâment sans cause.
Amaryllis, pensez-y bien :
Aimer sans foutre est peu de chose,
Foutre sans aimer, ce n’est rien. »
Jean de La Fontaine
André Breton, célèbre surréaliste, publiera des romans philosophico-érotiques, Jean Genet des essais plus légers, etc.
En effectuant des recherches, j’ai constaté que les collectionneurs pouvaient sortir parfois plus de deux cent noms d’auteurs connus qui se sont essayés à ces péripéties de la plume, du stylo-bille ou du clavier.
La littérature érotique est encore mal-connue, et interdite dans nombreux pays, ou très censurée. Elle est mal vue, souvent pour le préjugé du style, que l’on juge mauvais (voir plus haut : Anita et Chelsea).
Comment expliquer que depuis des siècles, des auteurs écrivent sur l’érotisme et le sexe ?
La sensualité n’est-elle pas le moteur de l’art ?
Comment justifier que les auteurs très connus n’ont que très peu utilisé de pseudonymes pour écrire ?
Y a-t-il une forme de revendication dans le fait d’assumer son nom d’auteur ?